Le complexe de l'imposteur, les podcasts de marque et le reste.
Cette semaine, je vous invite à découvrir une interview de quelqu’un qui n’aime pas les podcasts (enfin, c’est ce qu’il essaie de nous faire croire), ce qui a marqué mes oreilles et mes actus.
Salut salut !
Je ne sais plus si je vous ai déjà raconté l’histoire de ma reconversion. A la base, moi, je suis ingénieure spécialisée dans les organes artificiels. Rien-à-voir ! Après avoir passé plusieurs années à faire des podcasts pendant à peu près toutes les heures de la journée (et de la nuit) que j’avais de libre, c’est lorsque French Morning m’a proposé de produire mon podcast French Expat que j’ai décidé de me lancer : j’allais devenir productrice de podcasts à temps plein (enfin … en freelance). Surexcitée, j’en ai pas mal parlé autour de moi dans différentes communautés de podcasteurs dans lesquelles j’évoluais en France et aux Etats-Unis et que je m’interrogeais sur la viabilité financière de ma reconversion, j’ai découvert que la plupart de mes pairs faisaient des “podcasts de marque”. Si le mot parait clair, celui-ci a pourtant suscité un grand nombre de questions de ma part. C’est quoi en réalité un podcast de marque ? Est-ce pour toutes les marques ? Est-ce de la pub ? A quoi ça sert ? Ca coute combien ? Et c’est avec la naïveté de mon début de carrière podcastique et quelques a priori que je suis allée poser ces questions à des pro du domaine qui ont tout de suite accepté de répondre à mes questions. Sauf que ça, c’était en septembre 2021. Y a une éternité en somme.
Merci à celles et ceux qui ont répondu à mes questions avec patience et passion ! Je pense notamment à Nawal Hadrami (Agence Caliopée), Jeanne-Marie Desnos, Germain Loyer (Bababam), Théo Boulenger, Antoine Rouchier (Podcastzap), Magali Bourdin (Agende de développement du tourisme en Ardèche) et Hervé Hauboldt (Stereolab).
Entre temps, j’ai eu de plus en plus de demandes de création de podcasts ainsi que quelques imprévus d’ordre familial qui ont fait que j’ai du me concentrer sur les travaux rémunérés de mon activité et j’ai donc été contrainte de mettre de côté ce projet. Puis quand je m’y remettais, je me disais que j’avais évolué, que ça n’intéresserait personne, que mes questions étaient bêtes et le complexe de l’imposteur avait raison de moi. Et puis j’avais honte aussi de n’avoir rien sorti après le temps que tous ces professionnels m’avaient accordé ! C’est finalement il y a environ un mois que l’inspiration m’est revenue. Alors près d’un an et demi plus tard, je suis tout de même fière de vous proposer ces deux épisodes sur le podcast de marque. Dans le premier volet, je me concentre sur les définitions, le ROI, le ciblage, et les conseils aux marques, et dans le second, je décrypte deux podcasts qui m’ont marquée avec les marques et les créateurs qui se cachent derrière (Canal 16 et l’Ardèche au creux de l’oreille).
Pourquoi je vous raconte tout ça ? Parce que les 2 épisodes sont sortis ce matin. Le premier épisode est là et le second juste ici. Mais aussi pour vous rappeler qu’il ne faut jamais dire jamais. Que le complexe de l’imposteur ça n’est pas éternel, ça se travaille !
Cette semaine, je vous invite à découvrir une interview de quelqu’un qui n’aime pas les podcasts (enfin, c’est ce qu’il essaie de nous faire croire), ce qui a marqué mes oreilles et quelques unes de mes actus podcastiques.
🤫 Questions à mec qui déteste les podcasts
Chaque semaine, je pose quelques questions à un ou une créatrice de podcasts. Cette semaine, c’est au tour de David Ward, le créateur - entre autres choses - de Je déteste les podcasts. Ambiance !
Comment décrirais-tu ton podcast en 10 mots ?
C'est un podcast qui châtie bien parce qu'il aime bien (on va dire que "c'est" ne fait qu'un mot)
Tu es la créateur de “Je déteste les podcasts”. Pourquoi faire un podcast si tu les détestes ?
J'ai toujours considéré que l'enthousiasme béat rendait stupide. Et puis j'aime les paradoxes, c'est profondément humain d'être paradoxal.
J'aime les podcasts, j'aime aussi le second degré (ouais, d'accord… le 42ème). L'autodérision est une forme d'hygiène mentale, je crois. Dans le monde du podcast, il y a autant de personnes formidables que de toxiques, des génies modestes et des vendeurs de vent. J'aime l'idée de mettre le doigt dans la plaie.
Je sais que les podcasteurices sont mes premier.e.s auditeurices. Ils rient (plus ou moins jaune) de mes bêtises.
Espères-tu nous aider à arrêter d'en écouter ?
J'espère surtout que vous puissiez avoir une oreille bien entraînée et la jugeote bodybuildée. Les bons podcasts existent. C'est une forme d'expression originale et populaire. On peut rire, pleurer, apprendre et rêver avec les podcasts. Et puis, on peut aller au KFC ou se faire arnaquer par des vendeurs de voitures d'occasion.
Une particularité : on n'entend jamais ta voix, ni on ne sait qui se cache derriere. Pourquoi ?
Ma voix, je ne l'aime pas. C'est terriblement banal de dire cela, je sais. Et surtout, je n'ai pas de micro. Je suis un podcasteur sans micro, je suis une légende, une chimère (voire une escroquerie pour certain.e.s). Je trouve que l'utilisation de la synthèse vocale est un procédé très efficace : nous y sommes habitués mais avec un cadre, un contexte très strict, très figé. Alors lui faire dire des horreurs, ça m'amuse. Ça a un côté très John Cleese.
Quel métier voulais-tu faire quand tu avais 12 ans ? En es-tu loin ?
Je voulais être historien. Je suis prof d'histoire-géo. C'est cohérent (j'avais aussi "maître du monde" mais c'est un peu compromis… bien qu'en tant qu'homme blanc de 50 ans, éduqué, dans une société patriarcale, je suis un petit maître du monde, non ?)
Le podcast c'est ... plutôt pour le fun ou ton métier ?
C'est pour le fun. J'écris depuis longtemps. C'est une autre forme d'expression pour moi. C'est Fanny Cohen Moreau, la pasionaria du podcast passionnée par les médiévistes, qui m'a poussé à le faire, j'en avais l'envie. Qu'elle en soit remerciée ici;
Et, depuis, je suis devenu, très récemment, auto-entrepreneur et j'ai réalisé mon premier podcast en tant que prestataire pour un parti francophone belge.
Et, là, beaucoup se disent : "Mais quel hypocrite !". Évidemment, je n'ai aucune éthique, je vis dans une start-up nation. L'éthique c'est un vieux logiciel.
Ton pire fail depuis que tu bosses sur ce podcast ?
Faire un podcast qui déteste les podcasts et être aimé par des podcasteurices.
Est-ce que les avis de tes auditeurs comptent ? Y en a qui t'ont marqué plus que d'autres ? Pourquoi ?
Les avis des auditeurices ne comptent absolument pas. Je les déteste autant que les podcasteurices (sauf ceux de Walter Proof et de Thomas Crayon, bisous les gars). Mais devenons un peu sérieux, c'est une newsletter de qualité ici, finie la bamboche. Pour moi qui ne fait du podcast que depuis 2 ans, bientôt 3 - j'en écoute depuis plus de 12 -, avoir une ingénieure du son talentueuse (Alice Krief) ou un podcasteur que j'admire (Walter Proof) te dire : "j'aime ce que tu fais", c'est très fort. Une amie, qui n'aime pas les podcasts et a une relation au son très difficile, m'a dit aussi : "ton podcast est le seul que j'arrive à écouter". Toucher ne serait-ce qu'une personne, c'est déjà énorme. Une fois, une personne que j'apprécie beaucoup m'a dit : "ce que tu fais n'est pas du podcast pour moi." Elle parlait de Les Yeux Clos [NDLR : un autre podcast de David]. Elle ne voulait pas me blesser mais elle voulait me dire ce qu'elle ressentait. Elle voulait juste me dire qu'elle n'accrochait pas au concept, ce qui est totalement légitime mais elle l'avait très mal formulé. Ceci m’a fait réfléchir sur le concept du podcast : en fait, à part dire que c’est un fichier audio (autre qu’un replay radio) associé à un flux RSS, tout autre définition est fausse et relève du jugement.
C’est toute la force de ce moyen d’expression : c’est une glaise, à toi de la modeler. Il y a une totale liberté, c’est un espace de totale liberté - une fois le frein des savoir-faire techniques dont le minimum s'acquiert assez vite - quelque soit l’âge, le genre ou l’origine sociale, tout le monde peut faire un podcast.
Cet épisode, un peu douloureux a touché quelque chose chez moi (ce n’est plus une interview, c'est un divan dis-moi ?!) : faire un podcast, comme tout acte de création, c’est très intime donc ça peut faire mal de ne pas le savoir reçu comme on l’espérait. Alors oui : les avis comptent, néanmoins il faut savoir garder une distance face à eux. L’important est d’être sincère. Et de s’amuser aussi ! Je suis un bouffon qui se moque des courtisan.e.s et des ambitions un peu trop boursouflées. Mais ces travers ne sont pas spécifiques au podcast. Je suis, en réalité, très éloigné de ce petit monde. Je ne suis ni parisien, ni breton. Ça explique pourquoi je peux me permettre de faire un truc comme "je déteste les podcasts" : je n'ai rien à perdre.
Un conseil que t’aurais aimé qu’on te donne ?
Si tu as une idée, réalise-la. C'est le conseil que je peux donner. Le syndrome de l'imposteur est une erreur. Et il passe par moi également.
J'ajouterai de bien réfléchir à son concept. De trouver un angle, d'y mettre sa sensibilité, ce que l'on est, ne surtout pas chercher à plaire ou à coller “à ce qui marche”.
L'écriture podcastique est une écriture spécifique, ce n'est pas de la radio. Les podcasts qui singent les émissions de radio ne m'intéressent pas tellement, même s’ils peuvent être plaisants. C'est un espace de créativité : il faut tenter des choses, oser. Aussi un podcast ne s’écoute pas linéairement, c’est ce qui le distingue de la radio : on peut revenir en arrière, le réécouter. Donc il faut penser l’écriture comme telle (à part dans la fiction sonore … quoique cela pourrait être intéressant), la complexité peut être là, ce n’est pas grave. L’auditeurice peut revenir en arrière, échanger avec d'autres auteurices sur un passage pour mieux comprendre. Un podcast est un lieu d’échange, un hub. D’où le prolongement presque naturel, pour certains podcasts, d’avoir un site, un serveur Discord pour faire communauté et enrichir ce qui est dit dans le podcast. Mais cela demande du temps… c’est aussi la limite lorsque l’on ne vit pas du podcast : le temps.
Quel est ton dernier binge podcastique ?
Les chroniques de Savin. Sébastien Savin est infiniment drôle, sensible et très intelligent. C'est une découverte merveilleuse (grâce à Zu).
Merci à David ! Pour écouter Je déteste les podcasts, c’est par ici. David Ward est également le producteur de Les Yeux Clos et AlexOme. Il a réalisé le podcast documentaire Annie l’arsouille et Travaille ma sœur. Il travaille sur d’autres fictions audios : stay tuned!
Et si vous aussi, vous souhaitez présenter votre podcast, vous pouvez remplir ceci.
🎧 Dans mes oreilles cette semaine
Enfants de Taulards 🇫🇷
Je vous propose cette jolie série documentaire aussi bien captivante qu’émouvante produite par Audrey Savournin. Dans Enfants de Taulards, on suit les histoires de vie d’enfants entre 5 et 41 ans qui grandissent ou ont grandi avec un parent en prison. Ce podcast interroge sur les discriminations que vivent ou ont vécu ces enfants souvent stigmatisés par le statut de leurs parents, mais aussi sur la confrontation des enfants à l’univers carcéral. Un podcast émouvant qui donne à réfléchir. Ecouter.
Saint Laurent Smoking The Podcast 🇺🇸🇫🇷
J’adore ce podcast que j’ai découvert un peu par hasard en regardant un live de musique sur le site de Saint Laurent. Ce podcast est animé par Pascale Clark qui plonge dans l’intimité de personnes connus qui sont proches de l’univers de Saint Laurent. Pascale Clark les reçoit dans une pièce enfumée, propice aux confessions (a priori) dans le magasin de la marque sur la rive droite à Paris. Il n’y a que 5 épisodes (pour le moment) qui donnent la parole à Catherine Deneuve, Charlotte Gainsbourg, Gaspar Noe, Laetitia Casta et Felix Maritaud. Tous les épisodes sont dispo aussi bien en français qu’en anglais. L’épisode qui m’a le plus marquée c’est celui de Charlotte Gainsbourg qui parle de son retour des Etats-Unis vers Paris avec beaucoup d’émotions et de transparence. Elle explique aussi son processus créatif et c’est passionnant ! Ecouter.
🎙Du côté de mes podcasts
Cette semaine, je vous en parlais plus haut, Génération Podcast s’interroge sur la définition et les qualités d’un bon podcast de marque. Ecouter ici et là.
Paul Tanis raconte sa traversée “rim-to-rim” du Grand Canyon (80km et 2000m de dénivelé) en 19 heures dans French Expat. Ecouter.
Last call! Il reste une poignée de places pour le live de Génération Podcast à Paris le 13 décembre prochain. Ecrivez-moi si ça vous branche.
C'est tout pour aujourd'hui, merci de m'avoir lue ! La semaine prochaine, je vous écrirais depuis la France et plus précisément le Perche où je vais m’installer quelques semaines. Il me tarde ! En attendant de vous retrouver, je vous souhaite un très bon weekend et de découvrir pleins de podcasts.
À bientôt,